1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

les larves, dites vers blancs, sont animés envers la vigne d’une dangereuse prédilection. Le vigneron oppose aux incursions de ces infiniment petits, infiniment dangereux, des contre-attaques appropriées : ramassage direct ou chasse orga­ nisée. ébouillantage, traitements insecticides liquides, poudrages, asphyxie par gaz toxiques, etc... Dans cette galerie de ravageurs de la vigne, dont plusieurs sont devenus fort rares depuis la généralisation de traitements insecticides préventifs, une place d’honneur, si l’on peut dire, doit être réservée à celui qui fut le plus meurtrier, le plus difficile à combattre : le phylloxéra, dont les dégâts furent accentués singulièrement par la guerre de 1914-1918 qui amena l’interruption des traitements au sulfure de carbone et rendit difficile, voire même impossible, l’entretien de nombreuses vignes. Alors que les effets de la crise phylloxérique commencent à s’estomper, on peut se demander aujourd’hui si, tout compte fait, il ne siérait pas de bénir l’insecte malfaisant qui, en compensation de ses dégâts, enseigna la nécessité de l’union, les bienfaits de la solidarité à ces incorrigibles individualistes qu’étaient (que sont toujours au fond) nos vignerons. A cet insecte, maudit si souvent, il serait injuste, en effet, de ne pas recon­ naître que les viticulteurs de la Champagne doivent la création de nombreuses associations syndicales dont les effets furent coordonnés par un organisme qui leur a rendu et ne cesse de leur rendre d’éminents services : l’Association Viticole Champenoise, fondée en 1898, pour le bien des vignerons, sur l’initia­ tive des grands négociants. Grâce à ce groupement, le vignoble champenois, qui, en 1919, sur 10.604 hectares, ne comprenait plus que 660 hectares de vignes françaises encore intactes, 3.009 hectares de vignes contaminées (dont beaucoup totalement per­ dues), 2.651 hectares de vignes greffées à remettre en état, 4.284 hectares de vignes mortes et en friches, put être reconstitué en un temps record. VENDANGES. Après cette description, peu engageante mais nullement exagérée, des ennemis de la vigne et de leur malfaisance, revenons au cycle des travaux annuels, que nous avons mené jusqu’à son terme : au seuil des vendanges. Nous supposerons, pour l’instant, une année exceptionnellement belle et ensoleillée, une montre magnifique, donnant au viticulteur champenois l’espoir de récolter largement le fruit de ses peines. Quand elles se présentent sous cet aspect — trop rare, hélas! — les vendanges sont vraiment de joyeuses fêtes; peintres et poètes n’exagèrent pas en les parant de tous les prestiges de leur art... Les vendanges, plus tardives qu’ailleurs en raison du climat, commencent ordinairement dans la Marne aux alentours du 25 septembre, suivant la matu­ ration, précoce ou retardée, des raisins. Comme dates extrêmes de début de la cueillette des raisins, nous avons noté : en ce qui concerne Ay, le 2 septem­ bre en 1865 et 1893, et le 13 octobre en 1830: en ce qui concerne Verzenay, le 2 septembre en 1865 et le 20 octobre en 1849; en ce qui concerne Cramant, le 8 septembre en 1945 et 1947 et le 25 octobre en 1860. Il semble bien que, depuis que les vieux ceps français ont cédé la place 47

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