1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

« Il suffirait, pour défendre le vin de Champagne, de verser à boire d’un grand « vintage » et d’attendre le résultat. » (P. L estringuez : Champagne, sourire de France.)

Les traités d’économie politique enseignent que la production est l'œuvre de trois collaborateurs : la nature, le travail, le capital. La nature, c’est ici le sol de Champagne et son climat, collaborateur bien fantasque !... Le travail, c’est le vigneron, obstinément courbé sur sa vigne. Le capital... c’est évidemment le négociant, mais il ne s’agit pas ici d'un représentant de ce capitalisme oisif, profiteur du travail d'autrui, dont le com­ portement, par trop égoïste, échauffe, à juste titre, la bile de ceux qui le regardent vivre : le négociant est un capitaliste laborieux, car il a fallu beau­ coup de travail et même d'intelligence pour créer ces vastes entreprises que sont les grandes maisons de Champagne. Et il en faut à peu près autant pour les développer ou seulement les maintenir, à travers les complexités de la vie économique et les vicissitudes qui, depuis une trentaine d’années, sont venues assaillir un métier considéré jadis comme « en or ». LES COURTIERS, PRÉDÉCESSEURS DES NÉGOCIANTS. Jusqu’au xviii 0 siècle, il n’y a pas de négociants. Les propriétaires de vignobles écoulent d’abord leur récolte dans le voisinage, parmi leurs proches et leurs relations. Peu capables de rechercher des débouchés plus lointains, ils ont recours, dès que le marché tend à s’élargir, aux services des courtiers. apparus dès le XIIIe siècle, et dont le ministère est d’ailleurs devenu obligatoire. Ces intermédiaires sont nommés par les échevins de Reims, à qui la royauté

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