1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

contestera fréquemment ce droit, les offices de courtiers étant concédés moyen­ nant finances et rapportant d’intéressants revenus. A plusieurs reprises, le roi supprimera les charges de courtiers... pour les rétablir ensuite, mais en faisant payer fort cher à la ville le droit de désigner des titulaires aux nouveaux offices. De leur côté, les courtiers, d’abord soumis à de strictes obligations qui fixaient notamment le taux de leurs courtages, s’affranchirent peu à peu de toute règle et devinrent de simples marchands, donnant pour prétexte à leur émancipation le fait qu'une foule de personnes non assermentées se mêlaient de vendre du vin. Et ce fait était exact, car, ainsi que le dit un contemporain, « il n'y avait guère d’officiers et de bons bourgeois qui n’aient de vignes », et tous prétendaient faire commerce de leur récolte. Aussi, quand un édit de 1776 rendit entièrement libre le commerce des vins, il ne fit que consacrer un état de choses existant depuis longtemps déjà. Nous laisserons de côté ceux qu’on pourrait appeler les « négociants amateurs », nobles ou bourgeois propriétaires de vignes, qui s’occupaient plus ou moins de la vente de leurs vins, mais sans y consacrer leur principale activité, tel ce Berlin du Rocheret dont nous avons déjà cité le nom, haut fonctionnaire, président de l’Election d’Epernay et grandvoyer; par surcroît avocat, lettré, polygraphe en vers et prose, ami de Voltaire et contempteur des vins mous­ seux; tels également le marquis de Sillery et la maréchale d’Estrées, chands de vins » par occasion et sans doute par divertissement. mar- Parmi les négociants de profession encore à l’heure actuelle — la palme de l’ancienneté revient incontestablement à la maison Ruinart père et fils de Reims, fondée en 1729 par un neveu de dom Ruinart, savant bénédictin de l’abbaye d’IIautvi11ers et contemporain de dom Pérignon. Mais elle est serrée de très près par la maison Chanoine frères, doyenne des firmes d’Epernay, qui remonte à 1730. Une autre maison bi-centenaire, sparnacienne encore et de première impor­ tance, est la maison Moët et Chandon, fondée en 1743. La firme Taittinger, de Reims, se rattache commercialement à une maison Jacques Fourneaux fondée en 1734. Viennent ensuite — toujours au xvnr5 siècle — les maisons Vander-Veken (Reims, 1757), devenue par la suite Abelé-Vander-Veken, puis Henri Abelé; Lanson père et fils (Reims, 1760) ; Dubois père et fils (1765 environ), devenue par la suite N.H. Schreidcr, puis Louis Rœderer; la firme Heidsieck & C,# (Reims, 1785), à laquelle se rattachent légitimement les maisons Heidsieck & C* Monopole et Piper-Heidsieck, tandis qu’une troisième firme créée postérieure­ ment — Charles Heidsieck — est la seule dont les chefs portent encore le nom patronymique. Enfin, les maisons rémoises Veuve Clicquot-Ponsardin (1783) et Ernest Jacquesson (1798) sont, à notre connaissance, les dernières importantes dont la création remonte au xvm° siècle. Après l’interruption des guerres de l’Empire, qui n’empêchèrent pas cepen­ dant la fondation des firmes Henriot, de Reims (1808), et Perrier-Jouet, d’Eper* nous en tenant aux firmes qui existent MAISONS BI-CENTENAIRES ET CENTENAIRES.

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