1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

nay (1811), s’ouvre, avec la Restauration, la Monarchie (le Juillet, le Second Empire, une ère de paix favoiable au développement du commerce et de l’in­ dustrie. C’est pendant cette période (de 1820 à 1850 surtout) que naissent en grand nombre les maisons de négoce; citons, parmi les principales et, bien entendu, sans prétendre donner une liste complète, encore moins limitative : à Reims : Ernest Irroy (1820), G.H. Mumm & Cle (1827), Dclbeck & Clc (1831), Pommcry & Greno (1836), de Saint-Marceaux (1837), Krug (1843), George Goulet (1867); à Epernay : Pol-Roger (1849), Mercier (1858); à Ay enfin : Durniny (1814), Bollinger (1829), de Montcbello (1834), Dcutz & Geldermann (1838), sans compter les maisons, beaucoup moins nombreuses, établies tant à Châlons (Joseph Perrier, 1825) que dans quelques bourgades du vignoble : Avize, Mareuil-sur-Ay, Vertus, soit au total actuel 170 négociants pour l’en- semble du département de la Marne; et seulement 8 dans les parties de l’Aubo et de l’Aisne comprises dans la Champagne délimitée. A côté de ces négociants qui font effectuer, dans leurs établissements, toute la série des opérations nécessaires à l’élaboration du champagne, il en est d’autres qui se contentent de vendre, sous leur nom ou sous une marque déposée par eux, des vins manipulés par un autre négociant ou par un récoltant-mani- pulant. Ces négociants en chambre — d’ailleurs peu nombreux — sont appelés négociants non manipulants. Si l’on recherche les antécédents des négociants, surtout des plus anciens, on constate que plusieurs sont des transfuges de la laine, industrie traditionnelle à Reims et bien antérieure à la naissance du négoce des vins mousseux. Sans doute ont-ils eu, et c’est tout à l’honneur de leur flair commercial, le pressen­ timent du glorieux avenir vers lequel s’acheminait cette branche d’activité nouvelle... Un certain nombre aussi, et non des moindres, sont originaires des pays rhénans, régions viticoles très éprises du vin et de la vigne, qui furent jadis en relations cordiales et suivies avec leurs voisins de l’Ouest. Une partie de ces contrées fut même française entre 1798 et 1814. De nombreux membres de familles rhénanes venaient, à ces époques, chercher des situations en France, s’y fixer, s’y faire naturaliser et y faire souche d’excellents Français. Enfin, étant admis que la viticulture et par extension le négoce des vins sont, comme celui des « gentilshommes verriers », des métiers qu’on peut exer­ cer sans déroger, on ne s’étonnera pas de rencontrer, parmi les grands négociants en vins de Champagne, auxquels ils sont souvent unis par des alliances fami­ liales, des noms fleurant la vieille aristocratie française. NÉGOCIANTS FICTIFS , MARQUES RÉELLES. A côté de ces noms, qui sont ceux de personnalités, propriétaires ou copropriétaires (1e maisons de négoce qu’ils dirigent effectivement, on voit souvent figurer sur les étiquettes des bouteilles (1e champagne d’autres noms, tantôt assez... ronflants : duc de ceci, prince de cela, tantôt simplement roturiers. Il s’agit, la plupart du temps, de personnes fictives, inexistantes. Une loi permet, en effet, de déposer, comme marques de fabrique ou de commerce, non seule­ ment les noms de personnes réelles ou de leurs prédécesseurs décédés, mais encore des dénominations fantaisistes telles que « Champagne Louis XV », des vignettes, des combinaisons de caractères d’imprimerie, de couleurs, et enfin 67

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