1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

Assurances Sociales, attribuaient à leurs retraités des pensions plus ou moins importantes. Paternalisme, dira-t-on? Peut-être. Il n’empêche qu’en général, les ouvriers et employés du champagne sont l’orl attachés aux maisons qui les emploient et y placent volontiers leurs enfants après eux. Ce recrutement de père en fils, cette stabilité de la main-d’œuvre sont tout à l'éloge des employeurs qui savent s’en assurer le bénéfice. ...Mais il nous faut quitter la personne des négociants, ptrnr pénétrer dans leurs vastes établissements où nous attend le vin que nous y avons laissé, au lendemain des vendanges. plus exactement le moût — LES CAVES. Ces établissements renferment une curiosité de premier ordre vers laquelle se précipitent les étrangers de passage à Reims ou Epernay : ce sont les caves. Toutes sont intéressantes par l’ampleur de leurs dimensions, par l'importance des stocks de bouteilles et de vins en fûts qu’elles contiennent; plusieurs, sur­ tout à Reims, empruntent un élément de pittoresque inattendu à leur aména­ gement dans de très anciennes et profondes crayères , qu’elles ont élargies et forées de galeries nouvelles, pour les adapter à leur destination. Ces crayères sont d’immenses galeries, aux ramifications multiples, creusées dans le banc de craie qui s’étend sous la ville, sans qu’il ait été nécessaire d’en étayer les voûtes par une maçonnerie quelconque; certaines sont composées de berceaux superposés, communiquant entre eux par de larges escaliers. A quelle époque remontent ces crayères? Personne ne le sait au juste. Il est probable que ce sont, pour la plupart, d’anciennes carrières de craie exploitées en des temps très reculés et d’où on a dû extraire les moellons qui servirent à bâtir la cité gauloise des Reines, dont les Romains devaient, après l’avoir soumise, faire la grande ville de Durocortorum, capitale de la Gaule Belgique. Dans ce cas, il ne serait nullement impossible que ces crayères eussent joué, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, le rôle des catacombes de Rome, accueillant, au cours des persécutions sanglantes qui sévirent dans la Gaule, les autels et les prêches clandestins du culte nouveau. Quelques histo­ riens locaux prétendent — d’ailleurs sans plus de preuves tants s’y seraient réunis à leur tour, durant l’époque troublée des guerres de religion. Il est vraisemblable que ce lacis de galeries crayeuses, abandonné pendant de longues périodes, fut réexploité, par intervalles, chaque fois que les ruines amoncelées par la guerre rendaient nécessaire la reconstruction par­ tielle de la ville ou de ses remparts. Vers le milieu du XIXe siècle, alors que le commerce des vins de Champagne se développait au point de devenir mondial, les négociants de Reims, se trou­ vant plus ou moins à l’étroit dans leurs caves, songèrent à s’agrandir et tournè­ rent les yeux vers une colline, dite butte Saint-Nicaise, située dans la partie sud-est de la cité, qui renfermait de vastes crayères. Plusieurs d'entre eux, tout en laissant dans le centre de la ville les établissements qu’ils y avaient créés, s'annexèrent des caves situées vers Saint-Nicaise; d’autres s’y transfé­ rèrent complètement, construisant bureaux et celliers au-dessu9 des crayères. Les uns et les autres agrandirent encore ces hypogées, déjà immenses, y per­ cèrent des galeries nouvelles qu’ils firent communiquer par des tunnels trans­ versaux. que les protes- D’autres négociants, installés dans le centre de la ville, firent creuser sur 70

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