1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

tante de la récolte est achetée par les négociants, en sus des quantités nécessaires à leurs besoins immédiats, pour compléter leurs réserves.

IMPORTANCE DES STOCKS DU NÉGOCE. La constitution de stocks d’approvisionnements énormes, dont le chiffre étonne toujours le profane, est cependant une nécessité absolue pour les négo­ ciants. Nous avons dit que le grand commerce ne livrait ses vins à la consom­ mation qu’après les avoir laissés vieillir pendant quatre ou cinq ans au moins. Par conséquent, les bouteilles expédiées chaque année doivent être prises sur des réserves constituées plusieurs années d’avance et emmagasinées dans les caves. Indépendamment de ces stocks en bouteilles, le négoce possède encore dans de grands foudres ou dans des cuves en ciment doublées de verre, des réserves de vin provenant des meilleures années et destinées à être utilisées dans la composition des cuvées. Au l“r avril 1939, le stock des négociants marnais s'élevait à 104 millions de bouteilles1, et les réserves en fûts à 212.000 hectolitres, le tout formant un total légèrement supérieur à 1 million d’hectolitres. Cela vous paraît excessif? Songez que le négoce expédiait avant-guerre, bon an, mal an, de 30 à 35 mil­ lions de bouteilles de champagne. Et supposez, d’autre part, une série de deux ou trois récoltes déficitaires survenant coup sur coup, hypothèse nullement invraisemblable eu égard au climat de la Champagne. Vous verriez fondre à vue d’œil ces stocks soi-disant démesurés, et vous comprendriez alors leur rôle de régulateur indispensable d'un marché dont l’approvisionnement est toujours des plus aléatoires... □ LES « INDUSTRIES ANNEXES ». Pour obtenir une idée complète de ce que représente le commerce des vins de Champagne, il faudrait dénombrer tous ceux qui vivent entièrement de celte branche d’activité ou seulement tirent d’elle une partie de leurs ressources : le personnel des caves d’abord, les ouvriers « cavistes », dont le nombre peut s’élever, tant à Reims qu'à Epernay, Av, Avize, Châlons, à 5 ou 6.000 environ, dont 40 % de femmes à peu près. Il y faut ajouter le personnel des industries annexes : d’abord les verreries fabriquant la bouteille champenoise. Assez nombreuses avant la guerre de 1914 et réparties surtout dans la Marne, l’Aisne, le Nord, la Meuse, elles ont été, pour la plupart, détruites ou gravement sinis­ trées. L’époque de leur reconstitution coïncidant avec celle où le soufflage mécanique remplaçait partout le soufflage humain, plusieurs de ces entreprises, reculant devant les transformations très onéreuses qu’impliquait la mise en

1. Nous verrons plus loin que, par suite des prélèvements allemands, ce stock était tombé, lors de la Libération (1944), au chiffre de 81 millions de bouteilles. 82

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