1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

défaillance C9t la pierre de touche permettant de reconnaître les firmes sérieuses qui recherchent avant tout la qualité. Certains amateurs prisent les vins extra-secs au point de continuer à les déguster jusqu'à la fin du repas. C’est là une autre erreur. De même qu'il serait insensé de prétendre servir un champagne sucré sur un rôti, une volaille, un gibier, de même les champagnes bruts et extra-dry doivent être écartés dès qu’arrivent les glaces et les entremets; le moment est alors venu de faire appel aux champagnes édulcorés. Toutefois, les vins qualifiés « secs » par leurs pro­ ducteurs et qui, en réalité, sont sucré9 à 3 à 6 %, peuvent faire très bonne figure au dessert. A Reims, où nous pensons connaître un peu nos vins et la manière de les boire, nous ne descendons jamais, dans la consommation des vins dosés, au-dessous du « sec » ou du « goût américain » (ces deux mots étant à peu près synonymes) ; le « demi-sec » nous paraît beaucoup trop sucré, et le « doux » est pour nous du sirop. Mais nous sommes loin d’ériger nos préférences en règle obligatoire et universelle, et nous admettons parfaitement que les vins forte­ ment dosés conservent la faveur des dames et des enfants, par exemple. L’essen­ tiel est de ne pas mélanger les vins doux aux mets salés et les vins bruts aux sucreries. Le champagne se boit aussi en dehors des repas et presque à toute heure de la journée — ou de la nuit — à goûter, en soirée... On s’est avisé, depuis quelques années, qu’il était, de tous les apéritifs, le meilleur, le plus léger, enfin celui qui répond le mieux aux promesses du terme, en ouvrant , en aigui­ sant vraiment l’appétit. Le nombre s’accroît tous les jours de ceux qui le préfè­ rent non seulement aux cocktails lourdement alcoolisés, mais encore aux diverses mixtures multicolores, amères, douces, douces-amères (et Dieu sait s’il y en a!) qui se débitent aux terrasses des cafés. Certaines maisons de Champagne vendent même pour cet usage des « quarts » individuels qui sont de plus en plus demandés. □ VINS MILLÉSIMÉS. Comme tous les vins, le champagne a scs bonnes années. Quand les circonstances atmosphériques ont été clémentes, quand les vignes ont eu les cent journées de soleil qu’un dicton champenois déclare nécessaires, les raisins, parvenus à une maturité parfaite, riches de sucre et d’alcool, font espérer un vin de qualité éminente... Alors, si, au bout de cinq ans, le vin a tenu les pro­ messes du raisin, les négociants le lancent sur le marché, portant, sur son étiquette, le millésime de l’année de récolte. Ces vins millésimés font prime sur le marché: on les attend, on les goûte, on les discute, on les compare aux précédents. Déjà les vins de 1802, 1834, 1842. 1846, 1857, 1865 et 1868 avaient été facturés comme vins d‘annéc. Ceux de 1870 furent les premiers à être expédiés avec le millésime imprimé sur l'étiquette; vers 1880, l'usage devint général. Les initiés se repassent l’un à l'autre les dates des grandes années qu’ils ont connues depuis lors : 1880, 1884, 1889, 1892, 1893. 1899 (année de peu de vin. mais de grande qualité), 1900, 1904. 1906, 1911, 1914. 1915. 1921. 1926. 1928. 1929, 1933, 1934, 1937, 1943, 1945. 1947... 91

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