1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

récolte et ont une dizaine «Tannées de bouteille, sont incomparables : Faites-en boire, sans lui en indiquer la provenance, à un vieil amateur et demandez-lui son diagnostic; sans hésiter, il jurera que vous lui faites déguster un vieux bourgogne bien dépouillé dont il s’évertuera vainement, et pour cause, à situer le cru... Malheureusement, ce vin magnifique, remarquable par ce « goût de pêche » qu’au XVIIe siècle déjà Saint Evrcmond attribuait aux vins rouges de Champagne, est, lui aussi, fort délicat et craint les longs voyages. □ REIMS , VILLE DES CONGRÈS. La Champagne offre libéralement à ses visiteurs le plaisir de déguster ses meilleurs vins. Accueillante et hospitalière d’abord, elle est aussi pratique, cl pense, avec raison, qu'aucune propagande ne vaut cette expérience directe. Depuis une trentaine d’années surtout, de nombreux congrès d’intérêt économique et social, scientifique, littéraire, artistique, se sont tenus en Cham­ pagne et notamment à Reims. De plus en plus volontiers, la Ville des Sacres était prise pour lieu de rendez-vous. L’attraction de sa merveilleuse cathédrale, grande blessée dont les plaies se cicatrisaient à vue d’œil, la sym­ pathie qu’excitaient ses malheurs, suivis d’un redressement rapide, l’intérêt qu’éveillait le spectacle de ses réalisations hardies en matière de cités-jardins et d’aménagements sportifs par exemple, le confort qu’assuraient les hôtels, presque tous rebâtis de neuf, tout cela lui valait des visiteurs, chaque année plus nombreux. Peut-être aussi escomptaient-ils légitimement, en fixant à Reims le siège de tant de congrès, d’autres séductions plus... matérielles. De tout temps, en effet, les étrangers ont été bien reçus à Reims. Chaque congrès dépend, quant à son organisation, d’un «'comité local » qui, grâce à la libéralité des grandes marques, fait bien les choses; le « banquet de clôture » traditionnel est soigné et surtout, — surtout, — largement arrosé de bout en bout par les meilleurs vins du pays. Bien des gens du dehors, qui ne connaissaient guère que le cham­ pagne sucré des fins de repas, ont eu ainsi la révélation de nos grands vins bruts et les ont trouvés fort à leur goût. Je me souviens même d’un certain ministre bas-normand — aujourd’hui décédé — qui nous fit bien rire un soir de congrès. Il semblerait que le « calvados » natal eût dû l’aguerrir. Et pourtant, quand vint son tour de parole, il proféra, en guise de toast, de telles facéties, qu’un rire muet mais énorme secoua les convives et que les journaux le lende­ main... gazèrent... Le fait d'ailleurs est unique, car l’un des avantages du cham­ pagne est qu'on peut — pourvu qu’il soit bon — en boire abondamment sans être incommodé le moins du monde... au contraire!... En revanche, le mauvais champagne barre douloureusement la tête; c’est là une pierre de touche presque infaillible pour juger de la qualité. Lorsque la Ville de Reims, le Syndicat du Commerce des Vins ou la Cham­ bre de Commerce reçoivent des étrangers de marque, citoyens de pays où le produit de nos vignes possède une clientèle de connaisseurs, les négociants s’ingénient à leur offrir le plus beau choix de vins qu’ils peuvent rassembler. Voici, à titre d’échantillon, la carte des vins qui accompagnait le menu offert au Lord-Maire de Londres venu à Reims en 1925 sur l’invitation du Syndicat du 98

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