1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LA RECONSTITUTION DES VIGNOBLES PAR LES VIGNES GREFFÉES que les anciennes vignes avant le phylloxéra étaient conduites en foule dans les grands crus. Les bras de la souche s’étalaient en éventail sur le sol au lieu de se poursuivre sur la ligne, chaque bras avait son échalas. Les conditions économiques qui succédèrent à la crise phylloxérique, et dont les difficultés sont allées depuis sans cesse en croissant, ne per­ mettaient plus de songer à conserver les plantations en foule dans nos grands crus. Les lignes régnent maintenant partout, et la nécessité d’exé­ cuter rapidement et avec minutie les traitements anticryptogamiques ou insecticides que nos ancêtres ignoraient aurait suffit aujourd’hui à l’impo­ ser. Il faut passer maintenant dans les vignes avec des attelages pour labou­ rer, pour sulfater. La question se pose hélas! depuis déjà plus de vingt ans d’y pouvoir passer un jour avec des instruments motorisés. Là comme pour la taille, il faut s’inspirer des traditions du passé. Mais beaucoup plus que pour la taille, on est obligé à s’éloigner des méthodes anciennes. C’est peut-être une raison de plus pour s’en souvenir en évitant les exagérations auxquelles les difficultés modernes de la culture des vignes peuvent parfois inciter. 1° Influence de Vécartement sur les dépenses de culture : Les conditions économiques sont maintenant telles qu’il faut recher­ cher avec soin tout ce qui est susceptible de diminuer les frais de culture sans nuire à la récolte, tant en quantité qu’en qualité. Il y a donc lieu de comparer les prix de revient du piochage à la main et du travail avec les instruments attelés. Cette comparaison donnera un résultat qui ne me paraît pas douteux. Mais suivant les écartements, les prix de revient des labours ou des binages peuvent varier. Les Bourguignons affirmaient autre­ fois qu’un écartement de 90 centimètres était plus économique entre les lignes que des écartements de 1 m. ou 1 m. 10, parce qu’il lestait avec ces derniers, après le passage de la charrue, trop de surface à cultiver à la main sur les lignes et entre les ceps. Les vieux vignerons disaient qu’il fallait adopter entre les lignes 90 centimètres ou 1 m. 30, parce qu’à cette dernière distance on passait deux fois et on couvrait aussi bien l’inter­ ligne qu’à 90 centimètres. Il n’en est pas moins vrai qu’avec deux traits de labour par largeur de 1 m. 30, on dépensait plus pour labourer un hectare de vigne qu’avec un trait de charrue par 90 centimètres. L’écartement des ceps sur la ligne est intéressant aussi pour diminuer les frais de plantation. Certains viticulteurs exposent qu’à surface égale, il faut moins de main-d’œuvre pour tailler des souches écartées entre elles sur la ligne que pour tailler des plantations serrées. Ce principe, exact pour la taille en gobelet, conserve-t-il toute sa valeur avec les tailles 'à charpente longue (Chablis, Royat) qui se sont établies dans nos vignes greffées ? Dans ces tailles, il faut en effet compenser le nombre des souches par un nombre de broches plus grand sur chaque cep. Les frais en rapport avec le nombre des souches sont aussi sous la dépendance du système de taille adopté.

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