1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE toujours bien trouvés de nous souvenir de l’origine géologique des sols dont nous examinons les analyses. Telles qu’elles sont, ces analyses constituent des documents compa rables entre eux et auxquels se rattachent d’autres documents plus nom breux recueillis pendant une grande partie de notre vie en ce département de la Marne, où nous avons d’ailleurs établi de nombreuses cartes et notices agronomiques. Modifier notre méthode risquaiL de démolir toute la documentation recueillie. Et puis, à vrai dire, je n’ai pas trouvé mieux. On a cru un instant vers 1929 que LAGATU lui-même, dont nous appliquions les directives, allait détruire son œuvre lorsqu’il faisait con naître le résultat de ses recherches sur le diagnostic foliaire en collabo ration avec M. MAUME. LAGATU a étudié toute sa vie la fumure des vignes méridionales. Il possédait sur cette région une documentation importante concernant la composition des terres et les résultats des champs d’expé riences. Dans les vignobles de la région méditerranéenne, le plus souvent la pesée des récoltes faites, dans les parcelles ayant reçu des engrais, ne montre aucun avantage comparativement aux parcelles témoins sans engrais. Les viticulteurs méridionaux ont continué pourtant à employer des engrais qui leur donnaient satisfaction dans certaines années. Quelles sont ces années ? Celles où le ciel déverse suffisamment d’eau pour que les prin cipes fertilisants dissous parviennent facilement aux racines. C’est ce que LAGATU traduisait en déclarant devant le Comice de BEZIERS, le 7 juin 1929 : Ce qui commande le mode d’alimentation de la vigne ce n’est donc ni la fumure, ni l’amendement, mais les conditions météorologiques; c’est le ciel qui décide, des rapports physiologiques qu’imposera une formule donnée de fumure dans une terre donnée. » Mais, tandis que la sécheresse est la règle dans la région Méditerra néenne, elle est l’exception en Champagne où on la désire souvent en été. Rappelons-nous que le mois de Juillet est un des mois les plus riches en pluies d’après les constatations météorologiques faites à EPERNAY et à CHALONS-SUR-MARNE, sur des périodes de cinquante années. Aussi, les résultats obtenus dans les vignes où sont essayées diverses formules de fumure comparativement à des témoins sans engrais, sont-elles loin de donner en Bourgogne et en Champagne des résultats négatifs, sauf excep tions correspondant sans doute aux conditions de milieu réalisées dans l’Hérault, et dans les années de sécheresse. Nous avons publié des chiffres très démonstratifs à ce sujet. Si on consulte la grande enquête faite par MUNTZ et ROUSSEAUX, il y a cinquante ans dans tous les vignobles de la France, on remarque que les quantités de principes fertilisants exportés par les vignobles de nos grands crus étaient à cette époque largement restitués par les fumures, tandis que les fumures méridionales étaient très pauvres par rapport aux principes exportés. La valeur plus élevée de l’hectolitre de vin ne suffit peut-être pas à expliquer les différences considérables qui ressortent du tableau que nous annexons à cette étude. Sans doute les praticiens avaient-
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