1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

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LA FUMURE DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE

Dans des sols plus pauvres en éléments fertilisants, si les propriétés physiques restent les mêmes, il faudra bien entendu augmenter les fumures. Inversement, l’augmentation de la richesse du sol permettra la diminution des quantités de principes fertilisants des fumures, sans exagération cepen­ dant; si on donne par exemple 50 kilos d’acide phosphorique dans un sol contenant 1 pour 1.000 de cet élément, on en distribuera 60 kilos dans un sol en contenant 0,5 pour 1.000 et 40 kilos pour un sol riche à 2 pour 1.000, afin de garantir contre les insufisances de l’analyse chimique. Pour la potasse, on tiendra compte de la finesse des éléments mécaniques du sol; on ne peut présumer une action utile de la potasse contenue par la terre que si celle-ci est riche en argile. Les propriétés déterminées par l’analyse physique ont du reste plus d’importance que l’analyse chimique proprement dite. Dans les sols compacts, les engrais se dissolvent mal et circulent difficilement, on peut augmenter la dose des principes fertilisants et surtout celle de l’acide phosphorique peu soluble. Dans ‘les sols très per­ méables, les engrais très facilement solubles comme les engrais azotés sont exposés à se perdre sans profit pour la végétation et -on est incité à en augmenter les doses. La profondeur du sol joue elle-même son rôle. A richesse et composition égale, un sol de 0 m. 20 de profondeur reposant sur un sous-sol aride est beaucoup moins fertile et demande plus de prin­ cipes fertilisants qu’un sol profond. En ce qui concerne l’azote, l’atmosphère peut certainement intervenir et fournir ce principe gratuitement. MM. LAGATU et MAUME ont obtenu dans ce sens des résultats intéressants. Dans certaines de leurs expériences, les parcelles sans azote ont donné autant de récolte que celles avec fumure complète. Mais, à l’analyse bactériologique, le sol révélait un développe­ ment des bactéries captant l’azote qui semblait en raison inverse de l’apport des engrais azotés. C’est là à notre avis un cas particulier et qui demande le soleil splendide du Midi ou de l’Afrique du Nord pour se manifester. Mais les recherches de M. MUNTZ dans les différents vignobles de France ont établi nettement que les engrais azotés sont indispensables à la vigne. L’expérience le démontre partout et les résultats que nous avons pu obtenir dans des vignes de grands crus prouvent que ce sont eux qui permettent de porter le rendement à son maximum, si l’on a soin de com­ biner leur emploi avec celui des engrais phosphatés. Mais il faut les employer avec prudence et dans les vignobles de France où l’emploi des engrais commerciaux a obligé à raisonner les fumures, on a tendance à économiser proportionnellement plutôt l’azote que les autres principes fertilisants. Il semble à vrai dire qu’il y ait contradiction à cette assertion dans les chiffres que nous avons réunis ci-contre, lorsqu’on observe les quantités de principes exportés par la vigne et la richesse des fumures en azote, dans le Médoc et à Cramant. On donnait à Château-d’Issan (Médoc) plus de six fois la quantité d’azote exportée, mais il est important de remarquer

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