1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE nous nous sommes attachés à démontrer par nos travaux que la fertilisa­ tion n’est pas seulement due aux substances organiques et aux matières minérales, mais encore et surtout à l’activité microbienne. C’est la période la plus moderne de la science agricole, celle que l’on peut appeler la « Période biologique ». « PASTEUR est, à ce point de vue, un grand précurseur et le fonda­ teur de la science agricole moderne. « Paraphrasant ces belles paroles de STOKLASA, nous pouvons dire que l’emploi des composts et magasins a, lui aussi, traversé trois phases : « Autrefois, nos ancêtres les vieux vignerons champenois, par intui­ tion, par empirisme, par observation, par expérience en un mot, employaient largement et exclusivement le magasin; c’était la période organique pen­ dant laquelle on ne demandait et on n’attribuait au compost qu’un rôle physique. « Puis, après les travaux de Georges VILLE, de SCHLOESING, de LAURENT, et surtout ceux de MUNTZ, en 1892 et 1893, on n’a vu dans les magasins que leur rôle chimique. On s’est demandé si le peu de matières fertilisantes qu’ils contiennent justifiaient les dépenses considérables de transport, de main-d’œuvre qu’ils exigeaient et sous l’influence de la théo­ rie minérale on a eu une tendance à délaisser les composts. « Et maintenant, les ignorants ou les demi-savants que nous sommes, commençant à entrevoir les admirables découvertes qu’après notre grand PASTEUR la pléiade de ses disciples de l’ancien et du nouveau continent ne cessent de mettre à jour, soupçonnant les merveilles encore inconnues de ce monde physiologique et biologique qui nous est révélé à chaque ins­ tant, admirant les phénomènes si complexes qui s’accomplissent sans trêve dans la moindre motte de terre, pour aboutir à la fertilisation du sol; nous nous expliquons l’engouement de nos ancêtres pour le vieux « tas de compost »; et nous sommes tentés de dire et de croire que la cul­ ture continue des vignes sur nos coteaux champenois ne sera possible et réalisable que par l’emploi des magasins. » Personne n’a douté en Champagne de l’utilité des magasins et de la supériorité qu’ils ont montré bien souvent sur les autres fumures. Seules les conditions économiques modernes ont obligé beaucoup de viticulteurs champenois à le.s abandonner. Ainsi que l’écrivait DEPUISET, en 1924, pourtant : « L’époque n’est plus de ces longues théories d’hommes et de femmes couchés sur la glèbe, portant la hotte du matin au soir, pendant tout l’hiver, par la boue ou la gelée, la pluie ou la neige et transportant du bas en haut des coteaux les énormes tas de magasins. » Le fumier abon­ dait en Champagne aux temps où les régiments de cavalerie des villes et de passage au camp de Mourmelon en fournissait constamment. Le ceux moteur a remplacé le cheval dans les armées. Mais des essais devraient être tentés, et ceux déjà faits encouragés, pour maintenir cependant une partie de la fumure sous cette forme antique si bien adaptée au vignoble de Champagne où les terrages d’une part et la

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