1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LES MALADIES DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE

Puis l’expérience acquise a permis de combiner cette méthode avec l’observation de la végétation de la vigne, qui a pris plus d’importance. Exagérant peut-être cette importance, Pierre BONNET, qui était obser­ vateur de valeur, dans la note déjà citée, proposait en Champagne d’appli­ quer tous les ans les sulfatages suivants contre le Mildiou :

Le premier à la quatrième feuille; Le second à la huitième feuille; Le troisième à la douzième feuille;

Le quatrième aussitôt après la chute des capuchons; Le cinquième une quinzaine de jours plus tard.

En année très humide, ce cinquième traitement pourra être suivi une quinzaine de jours plus tard, et avant le 1er août, c’est-à-dire six à sept semaines environ avant la vendange, d’une dernière application générale et copieuse sur l’ensemble de la végétation d’une bouillie plus riche en cuivre et en chaux que les précédentes, et destinée à protéger les ailerons en même temps qu’à diminuer la formation des taches « en mosaïque ». Pierre BONNET a précisé ce que nous entendions lui et moi par 48, 8° ou 12° feuilles. Les feuilles sont comptées lorsqu’elles ont atteint trois centimètres environ de largeur, qu’elles sont bien étalées et commencent à perdre la teinte du bourgeonnement. Cette méthode de détermination des dates d’exécution des traitements présente l’avantage de ne pas comporter d’imprévu, et permet une meil­ leure organisation du travail. Elle peut paraître au premier abord peu économique. Mais il s’agit, en réalité, dans un pays et sous un climat où le Mildiou peut être dangereusement favorisé par les conditions météoro­ logiques, des traitements que MOREAU et VINET qualifiaient en Anjou de « traitements d’assurance ». Les trois premiers sulfatages permettent d’atteindre très facilement les grappes au fur et à mesure de leur apparition et de leur croissance et avant qu’elles soient cachées par les feuilles. Nous les considérons comme indispensables. Nous rappelons d’ailleurs qu’ils permettent de combiner à cette époque la défense contre le Mildiou avec la défense contre la Cochylis, l’Eudémis, la Pyrale et le Rougeot parasitaire. Ils doivent être terminés avant la flo­ raison qui, en Champagne, ne survient guère avant la 13* ou la 15* feuille. Le premier ne doit pas, à notre avis, être retardé. L’étude des évolutions du champignon parasite et les prévisions météorologiques peuvent amener à modifier de quelques jours l’exécution des deux autres sulfatages. Mais ce sera plutôt pour avancer cette exécution en cas de menaces dangereuses; alors un sulfatage supplémentaire peut être nécessaire. Ce sera surtout l’œuvre d’une station d’avertissements qui, prenant elle-même pour base le développement de la végétation, suivra avec soin le temps qu’il fera et les évolutions du parasite. — 243 —

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