1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE les brûlures qu’elles causent parfois lorsqu’il y a vraiment excès de chaux ou de carbonate de soude. Les bouillies neutres, auxquelles on semble s’être rallié, neutralisent à peu près exactement le sulfate de cuivre par la chaux ou le carbonate de soude. Mais comme on assure cette neutralité en vérifiant avec un papier de phénolphtaleine ou un papier de tournesol, on prépare en réalité des bouillies légèrement alcalines, car le papier réactif vire avec un léger retard sur la neutralité, et c’est très bien ainsi. L’expérience acquise depuis que le Mildiou est devenu un parasite redoutable en Champagne, c’est-à-dire depuis 1908, nous permet de consi dérer que ces bouillies légèrement alcalines agissent aussi vite après leur épandage que les bouillies acides sans présenter leurs inconvénients. Le précipité qui se forme par l’action de la chaux ou du carbonate de soude sur le sulfate de cuivre est dissout assez rapidement par les eaux météo riques chargées d’azote nitrique dans lesquelles les zoospores du Mildiou sont susceptibles de germer, et l’adhérence permet aux bouillies de résister aux pluies, surtout si on a soin d’y ajouter un produit adhérent ou mouillant. Les bouillies légèrement alcalines, celles qu’on appelle les bouillies neutres, ne risquent pas de brûler comme les bouillies acides ou nettement alcalines qui contiennent du cuivre soluble. Les brûlures se produisent en général lorsque les bouillies sont longues à sécher. C’est pour cela qu’elles brûlent plus facilement en Champagne que dans le Midi de la France. Contrairement à ce que pensent parfois les profanes, c’est par temps couvert qu’elles peuvent brûler plus facilement les jeunes feuilles. Par beau soleil, elles sèchent vite et ne brûlent pas. Il faut remarquer que dans certaines années les brûlures sont très fréquentes sur toute l’étendue du vignoble alors qu’elles sont rares en d’autres années. Question de temps et d’état du feuillage. En Champagne, la préparation des bouillies demande toujours beaucoup de soin. La guerre a rendu difficile l’utilisation du sulfate de cuivre et a fait perdre par suite l’habitude des observations poursuivies sur des doses de cuivre à utiliser. On cherchait surtout pendant cette période tragique à économiser le sulfate de cuivre disponible. Il n’est pas mauvais de reprendre cette question de richesse des bouillies en cuivre. Depuis 1908, et jusqu’en 1940, époque où la guerre a, par force, orienté vers des doses très faibles, les observations faites en Champagne, notamment par les membres de la commission technique de l’A.V.C., ont démontré que les doses de 2 % de sulfate de cuivre sont presque toujours suffisantes. Par temps pluvieux cependant on se trouve bien de monter jusqu’à 3 % car la bouillie est parfois diluée par la pluie au moment même de son épandage. Une dose de 1 %, qui s’est montrée suffisante dans les années de guerre où le Mildiou fort heureusement n’a pas été très agressif, s’est montrée souvent dangereuse dès que le parasite est favorisé par les circonstances. Pour préparer une bouillie bordelaise légèrement alcaline, celle qu’on
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