1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

L’Oïdium

La présence de l’Oïdium sur la vigne fût signalée en Europe en 1845 dans des serres à raisin en Angleterre. C’est également dans des serres qu’il fît son apparition en France en 1847 à SURESNES (Seine). Rapidement ce parasite se répandit dans tous les vignobles de France causant des dégâts importants, précédant de peu la crise phylloxérique. En Champagne, il n’était vraiment à craindre autrefois, dans les vignes en foule, que sur les raisins de Pinot Blanc Chardonnay ; le Pinot noir semblait doué d’une certaine résistance. Dans les vignobles en ligne, depuis la reconstitution par les vignes greffées, il semble bien que les attaques de l’Oïdium sont assez souvent aussi graves sur les Pinots noirs * que sur les Pinots blancs Chardonnay. C’est là une constatation qui ne trouve pas encore d’explication scientifique, mais devant laquelle il faut bien s’incliner et qui rend plus intéressante pour les vignerons champenois, l’étude de cette maladie. Rappelons que l’Oïdium est causé par un champignon parasite que les botanistes appellent « Uncinula spiralis ». Comme tous les champi­ gnons, il se reproduit à l’aide de spores, celles-ci remplaçant les semences des végétaux supérieurs. La spore en germant émet un filament mycélien, mais celui-ci ne pénètre pas dans les tissus de la vigne, il rampe à leur surface, et pour se nourrir enfonce seulement de place en place, à travers l’épiderme, des suçoirs jusque dans les cellules. Ce sont les filaments my­ céliens qui forment, à la surface des feuilles, des sarments et des grains de raisins, cette poussière d’un blanc grisâtre émettant une odeur de moisi bien connue des vignerons. Partout où le mycélium a implanté ses suçoirs, les tissus superficiels se dessèchent et forment, lorsque la poussière grisâtre est enlevé avec Je doigt ou détruite par un traitement, des taches brunes découpées et qui persistent sur les sarments aoûtés, révélant l’année sui­ vante les attaques d’Oïdium que la vigne a subies. De place en place, le mycélium émet des ramifications qui se dressent verticalement. A l’extrémité de ces ramifications se produisent des spores qu’on appelle conidies, qui se détachent successivement comme les grains d’un chapelet et reproduisent la maladie. Pendant longtemps, on ne con- — 252 —

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