1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

périthèces devraient être la forme parfaite de reproduction assurant la conservation du parasite pendant l’hiver. Il semble pourtant difficile d’ad­ mettre que depuis 1847, année où l’Oïdium fut signalé en Europe, jusqu’à 1892, année où se révélèrent pour la première fois ces périthèces, ceux-ci se développaient chaque année sans qu’aucun observateur les ait remarqués. Depuis 1892, on a retrouvé assez souvent les périthèces de l’Uncinula, et leur groupement en masse, dans certains foyers où on les devine à l’œil nu, les fait immédiatement remarquer. C’est seulement en 1943 que M. MAURO, Chef de Travaux à la Station de recherches d’EPE,RNAY, les découvrit pendant une prospection du vignoble champenois dans les territoires d’AVIZE, LE MESNIL-SUR-OGER et OGER, qui avaient subi une attaque de parasite dans le cours de la végétation. L’attention de M. MAURO fut attirée par des grapillons de Chardonnay fortement oïdiés où les ponctuations de couleur brunâtre caractéristiques des périthèces étaient visibles à l’œil nu sur la grisaille claire du champi­ gnon. Les périthèces étaient plus abondants sur la pellicule des raisins au voisinage de leur point d’attache, on en rencontrait sur les pédicelles et les ramifications secondaires des grappes. (Académie des Sciences, T. XII, p. 1.) M. MAURO attribua, avec raison, la formation de ces périthèces aux circonstances météorologiques favorables de l’année 1943, qui se signala par des températures élevées, et aussi à la pénurie du soufre, qui ne permit de faire que des traitements tardifs. En 1944, malgré des traitements précoces, effectués en période favo­ rable à l’efficacité des produits, et quoique les attaques aient été faibles, écrit M. MAURO, nous avons rencontré des périthèces adultes et en voie de formation, dès le 21 septembre, sur les grappes issues de vignes gelées. Ainsi cette forme vraiment hivernale du parasite a tendance à devenir constante en Champagne, même lorsque les attaques sont faibles. D’après PACOTTET ( Revue de Viticulture , 1905, Oïdium et Uncinula Spiralis), les périthèces se forment chaque année plus ou moins abondam­ ment à l’automne sur les raisins verts de seconde végétation, sur les feuilles et les jeunes pousses, à la suite des refroidissemnts atmosphériques de septembre ou du début d’octobre. Ces périthèces sont admirablement orga­ nisés pour passer l’hiver. Ils assurent la propagation de l’Oïdium, non seu­ lement au printemps qui suit leur apparition, mais même dix-huit mois après. Leur rôle dans les invasions de printemps est des plus considérables. M. MARSAIS suppose que les ascospores sorties des périthèces germent le sol et y constituent des éléments capables de s’y multiplier en vivant les éléments organiques de la terre. (Et. FOE|X. Note sur les modes sur sur d’hibernation de l’Oïdium de la \igne. Progrès Agricole et Viticole , du 13 jan­ vier 1912.) Mais en l’absence de périthèces, si ceux-ci ne se forment pas chaque année, la forme sous laquelle l’Oïdium passe l’hiver est encore à déterminer avec certitude. — 254 —