1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

est peu agressif, ou sur les cépages qui le craignent peu. En Champagne, nous continuons à conseiller, maintenant que l’approvisionnement en soufre semble assuré, de le préférer à tout autre produit pour maîtriser vraiment les attaques graves d’Oïdium. Le soufre, indépendamment de son action contre l’Oïdium, a une action tonique sur la vigne. Au printemps, il combat les arrêts de végétation pro­ voqués par les nuits froides; au moment de la floraison, il favorise la fécon­ dation ; et il peut être conseillé contre la coulure, même s’il n’y a pus d’Oïdium. On utilise surtout en Champagne, pour l’épandage du soufre, les sou­ freuses à dos d’homme. Dans les exploitations assez importantes pour jus­ tifier les soufreuses à traction, celles-ci sont devenues assez fréquentes. Des essais avec un appareil volatilisant le soufre et le projetant sous la forme de vapeurs très actives ont été faits. Cet appareil était assez compli­ qué et demandait une mise au point qui n’a pas été poursuivie. Si le soufre demeure le remède type contre l’Oïdium, on en propose cependant d’autres, parmi lesquels les plus importants sont les polijsulfures et le permanganate de potasse. Les polysulfures alcalins sont des composés du soufre avec des métaux alcalins (potassium, sodium). On emploie aussi le polysulfure de calcium. On trouvait avant 1939, les polysulfures dans le commerce sous forme de solutions concentrées, portant les noms divers. On les trouvait aussi sous la forme de cristaux en plaque fondant facilement dans l’eau. En solutions concentrées, il faut évidemment suivre les indications du vendeur qui pres­ crit les doses suivant la richesse de la solution. En plaques, on faisait fondre de 500 à 800 grammes de polysulfures par hectolitre. L’emploi des poly­ sulfures nécessite quelques précautions : 1° ne pas trpp en répandre sur les vêtements qu’ils brûlent; 2° bien rincer les pulvérisateurs après chaque séance d’épandage, car les polysulfures attaquent le cuivre. Ils usent notam­ ment assez vite les jets des pulvérisateurs. Les polysulfures ont plus d’action sur l’Oïdium que le soufre si le soleil fait défaut pendant une attaque d-Oïdium, ce qui se produit parfois en Champagne. Mais avec l’aide du soleil le soufre est plus actif et doit être préféré. Le permanganate de potasse s’emploie dissous dans l’eau à la dose de 150 grammes ou même 200 grammes par hectolitre. Pour augmenter son adhérence, M. TRUCHOT recommande d’y ajouter de la chaux en quantité dix fois plus considérable, soit 1 kg. 500 à 2 kilogrammes. Il a une action curative énergique, mais de peu de durée, car il se décompose en détruisant l’Oïdium. Il est surtout utile dans les années où l’Oïdium sévit avec intensité et où le soleil fait défaut, mais il doit être suivi d’un traitement au soufre ou aux polysulfures quelques jours après. L’Oïdium, vivant à la surface de la vigne, peut être atteint même lors­ qu’il est déjà développé, mais il ne faut pas trop compter sur cette faculté et mieux vaut prévenir que guérir. Nous conseillons un premier soufrage lorsque les pousses ont cinq

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