1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LES MALADIES DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE

de 1922 à 1927, pour étudier dans les vignobles de la Champagne, les pos­ sibilités de destruction du ver blanc du hanneton par un autre champignon, PIsaria densa. M. le Docteur TECHOUEYRES prépara en son laboratoire de REIMS des cultures industrialisées qui lui fournissaient de quoi ense­ mencer des surfaces importantes. Il prit soin de faire repasser souvent le champignon sur des vers blancs qu’il contaminait facilement au laboratoire, pour entretenir sa virulence. M. LE MOULT, qui avait obtenu des résul­ tats incontestables en certains cas, vint lui-même en Champagne, fournil comparativement des cultures d’Isaria densa provenant de son laboratoire. Nous n’avons pu retrouver dans les vignes traitées qu’un nombre insigni­ fiant de momies de vers blancs tués par l’Isaria densa, et la protection des jeunes plantations a été nulle. Nous avons en revanche trouvé des momies assez facilement en 1927, dans des vignes en friche depuis la guerre et où aucun ensemencement n’avait été effectué. Nous avons vu pourtant des champs, où M. LE MOULT avait ense­ mencé des cultures d’Isaria densa en 1892 dans l’Orne et dans la Mayenne. On y retrouvait encore, en 1925, des momies de vers blancs tués par les champignons. Mais il convient de remarquer que les premières cultures de M. LE M'OULT provenaient de cette région qui, sans doute par son cli­ mat, et peut-être aussi par la nature des sols granitiques, constitue un milieu favorable à PIsaria densa. Le petit laboratoire départemental de LAVAL continuait d’ailleurs à distribuer tous les ans des cultures couvertes de spores d’Isaria aux cultivateurs qui restaient fidèles à ce procédé de lutte. Nous avons pu encore constater un succès dans les Deux-Sèvres, tou­ jours en sol granitique. Nous avons eu alors l’idée, M. TEiCHOUEYRES et moi, d’ensemencer d’abord des tas de magasins préparés suivant la cou­ tume champenoise avec des terres siliceuses et du fumier, afin d’être répan­ dus une fois faits dans les jeunes vignes au moment de la plantation. Et nous avons fini par abandonner les recherches, convaincus que le champi­ gnon parasite du hanneton peut se développer utilement dans certaines conditions de milieu, mais ne peut être considéré comme un procédé de défense certain à généraliser. Mais M. le Professeur METALNIKOV reconnaît les insuccès précé­ dents, et reprend la question sous une autre forme. Il ne répand plus de spores de champignons. Il ne répand pas non plus des microbes, comme le firent jadis d’HERELLE et KUNCKEL d’HERCDLAIS sur les criquets. Il a recherché des microbes qui se reproduisent comme les champignons par des spores, mais qui ont, comme tous les microbes, en général, une virulence beaucoup plus grande que celle des champignons. Il a exposé les résultats de ses recherches et de ses premiers essais pratiques dans une fort intéressante communication qu’il fit le 17 novem­ bre 1937 à la Ligue Nationale de lutte contre les ennemis des cultures. Avec les microbes sporulés qu’il a pu isoler et cultiver, il prépare des poudres sèches, faciles à manipuler et très résistantes. On peut, d’après l’auteur, les garder plusieurs années sans altérer leur faculté de reproduc-

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