1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LES MALADIES DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE

le fer n’est pas très abondant. Il devrait être vite insolubilisé par des doses très faibles de calcaire. On s’explique très mal, alors pourquoi, toutes con­ ditions égales, d’ailleurs, la Chlorose croît avec la richesse du sol en carbo­ nate de chaux, si celui-ci n’agit qu’en insolubilisant le fer ou les composés du soufre. L’activilé du calcaire, son pouvoir chlorosant dépendent de sa nature, de son état de division, de la quantité d’eau qui circule dans le sol, et des éléments qu’on y trouve avec lui. Il y a bien longtemps déjà que MM. HOUDAILLE et SEMICHjON ont étudié la vitesse d’attaque de différents calcaires à l’aide d’un calcimètre enregistreur spécial. Le principe de ces études a été repris depuis par divers auteurs. En pratique, même les différences s’exagèrent, car les calcaires les plus tendres se trouvent dans le sol à un état de division plus grand. Un calcaire cristallin comme le marbre est loin de fournir dans le sol autant de particules fines qu’une craie des Cliarentes ou de la Champagne. Il est bien évident que plus les grains exposés à l’action de l’eau seront petits, plus vite ils seront dissous et plus grande sera leur activité C.’est ce qu’on étudie dans l’analyse physique des terres lorsqu’on dose séparément le calcaire dans le sable fin et dans !e sable grossier. On peut ainsi obtenir des renseignements précieux sur la nocivité du calcaire en différents points d’une même formation géologique et généraliser ensuite les résultats à tous les sols calcaires de la même origine. La quantité d’eau qui circule dans le sol est naturellement appelée à jouer un rôle important dans l’action du calcaire, puisqu’elle accélère sa dissolution si elle est abondante. Les printemps pluvieux favorisent la chlo­ rose surtout s’ils sont suivis de chaleurs brusques amenant une absorption rapide des solutions du sol par une reprise active de la végétation. L’argile en enrobant les grains de calcaire gêne sa dissolution et, dans ce cas, elle combat l’action chlorosante du carbonate de chaux ; mais en retenant l’eau chargée de chaux à proximité des racines, après des pluies abondantes, elle prolonge l’absorption par les plantes et peut dans ce cas entretenir la Chlorose. Le sable, inversement, peut voir ses grains recouverts du sel chloro­ sant sur une faible épaisseur, et dans ce cas, il aggrave l’action du calcaire, parce qu’il offre une surface d’attaque plus grande aux racines ; mais, dans le cas de pluies abondantes au printemps, il laisse évacuer beaucoup plus rapidement les eaux chargées de calcaire et la Chlorose peut y durer moins longtemps. En général, il semble que les printemps très pluvieux favorisent surtout la Chlorose dans les sols compacts, tandis que cette manifestation du cal­ caire est plutôt aggravée par les temps secs dans les sols meubles. Il convient, tout d’abord, si l’on veut vaincre la Chlorose dans les sols calcaires, de choisir des porte-greffes bien adaptés au sol et au sous-sol du

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