1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

vignoble à planter. Ce problème de l’adaptation des porte-greffes domine notre viticulture moderne. Nous l’avons traité en un autre chapitre. Nous bornerons ici notre étude au traitement direct de ia Chlorose dans un vignoble où elle s’est déclarée. Le sulfate de fer est le remède classique contre la Chlorose; son action a été constatée bien souvent dans la pratique. De môme qu’il est impossible de préciser comment le calcaire provoque la Chlorose, il faut se contenter d’affirmer l’effet du sulfate de fer comme remède sans en expliquer scien­ tifiquement faction bienfaisante. On peut employer le sulfate de fer dans le sol en l’enfouissant après déchaussage, à raison de 500 grammes au pied de chaque souche. On se trouvera bien de faire cette opération assez tôt au printemps pour que les pluies dissolvent rapidement les cristaux, et il serait encore préférable d’arroser abondamment pour provoquer la dissolution immédiate. Ce qu’il faut éviter, en effet, c’est que les cristaux de sulfate de fer s’oxydent rapi­ dement au contact de l’air en devenant ainsi insolubles avant d’être répartis dans la masse du sol. L’arrosage est possible en horticulture, lorsqu’on traite un arbre fruitier ou une treille : il est le plus souvent impraticable en plein vignoble. II convient donc de répandre le sulfate de fer dans une cuvette creusée autour des souches et qu’on referme aussitôt pour retarder l’oxydation. En Champagne, on butte avant l’hiver et on déchausse au printemps : la densité des plantations est telle qu’il est possible de répandre le sulfate de fer dans le sillon creusé au milieu de l’interligne par le buttage, avant de le combler par le labour de déchaussage. La quantité de sulfate de fer, à répandre ainsi, représente une dépense assez lourde si l’on veut obtenir un effet utile. M. RAVAZ, pour les jeunes plantations, conseille de combler en partie le trou de plantation avec de la terre roa calcaire ou des scories. Il suffit, dit-il, d’une masse relativement restreinte de cette terre pour que la vigne reste verte et des vignobles aujourd’hui très prospères ont été établis ainsi en pleine craie des Charentes. Dans les grands crus de Champagne, ce procédé est de pratique courante, puisqu’on comble souvent les trous, lors de la plantation, avec des magasins sableux, c’est-à-dire des composts pré­ parés avec des fumiers très décomposés et des sables siliceux, provenant des sols tertiaires dans les forêts dominant les coteaux. Il est certain qu’on favorise ainsi la reprise des jeunes plants et en même temps la résis­ tance à la Chlorose dans les premières années, toujours les plus dangereuses. On peut, en été, traiter curativement, en pulvérisant sur les feuilles solution de sulfate de fer à 500 grammes par hectolitre. M. VERGE, une dans un rapport présenté au Congrès sur la lutte contre les ennemis des cultures, à Lyon, en juin 1926, ne craint pas d’aller jusqu’à la dose de 1 %. Pour cet auteur il est indispensable de brûler légèrement la surface de la feuille, car c’est par les brûlures que le fer pénètre et provoque le reverdis-

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