1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

ne débourrent. (« Progrès Agricole et Viticole », 10 août 1902). Presqu’en même temps, Delacroix, qui venait de publier en 1895 un important travail, en collaboration avec son maître Frillieux, me montra, dans l’Yonne même, une forme de court-noué qu’il appelait « gommose bacillaire » et bien connue dans les vignobles de la Vallée du Serein où il sévissait régulière­ ment sous les noms de « maladies des vieilles vignes », « maladie d’en- coude », « aubernage ». J’ai retrouvé en 1904 en Champagne, sur les vignes françaises, un court-noué qu’on appelait le « chabot » sur les pinots noirs et qui m’est apparu avec les caractères de la gommose bacillaire étudiée dans l’Yonne avec Delacroix. J’ai vu en Suisse, un court-noué assez grave attribué à l’action d’un acarien et que le Dr. Faès a étudié sous le nom d’ « Acariose ». A l’heure où j’écris ces lignes, je vois le court-noué en Provence évoluer sur de vieilles vignes dont les panachures jaune d’or attirent de loin les regards et qui semblent parfois vivre avec lui sans trop en souffrir alors que de jeunes souches voisines en meurent sans pouvoir produire une récolte. Toute ma vie, j’ai retrouvé ainsi des cas de court-noué. J’ai pu m’entre­ tenir avec les maîtres qui, successivement, ont étudié dans leurs laboratoires celte maladie et ses causes et dont les travaux ont parfois donné lieu à des polémiques. J’ai vu bien souvent des praticiens découragés par le dépéris­ sement de jeunes plantations dans lesquelles ils mettaient toutes leurs espérances. J’ai observé les conditions dans lesquelles ils avaient établi leurs vignobles. Et pourtant, je ne suis pas encore en possession d’une impres­ sion définitive, qui permette d’organiser la lutte contre ce mal sans cesse à l’ordre du jour, sans cesse étudié par des maîtres de valeur, et dont il ne semble pas possible d’affirmer les causes. Le froid peut provoquer le court-noué. MARES l’a écrit dès 1860. J’ai rappelé tout à l’heure mes constatations dans i’Yonne en 1902. RAVAZ et SOURSAC devaient les confirmer, en provoquant artificiellement le court- noué par des abaissements de température sur les bourgeons. RAVAZ a cherché toute sa vie les analogies qui pouvaient exister entre le court-noué provoqué par le froid et le court-noué parasitaire. Car il semble bien qu’il y ait un court-noué parasitaire, puisque la maladie se transmet par les greffons et qu’on la retrouve dans les jeunes vignes qui succèdent aux vieilles vignes malades. Pour PRILLIEUX et DELACROIX, ce parasite était une bactérie qu’on trouvait amassée autour des masses gommeuses dans les vaisseaux, sur les pousses vertes de l’année. DELACROIX m’a appris à voir ces bactéries en 1902 sur des souches malades, à IRANCY dans l’Yonne. RIVES a- retrouvé ces bactéries dans le Var et dans l’Aude. Mais il attribue pourtant le court-noué à des champignons vivant en association l’écorce des radicelles de la vigne, et formant ce qu’on appelle en micorhizes ». avec botanique des — 322 —

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