1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LES MALADIES DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE VIALA et MARSAIS, en 1934, ont découvert dans des vignes court- nouées un champignon parasite de la moelle, le PUMILLUS-MEDULLAE, qui rentrerait dans les souches par les plaies de taille ou par les racines suivant les conditions de contamination. M. ARNAUD semble être le premier en France à avoir émis l’hypothèse d’une maladie à virus analogue aux maladies de dégénérescence de la pomme de terre. Le professeur BRANAS a repris cette hypothèse et lui accorde une très grande valeur. Si le court-noué que M. BRANAS appelle dégénérescence de la vigne est causé par un virus, ceci ne simplifie pas la question, car la définition d’un virus n’est pas encore très précise. Il ne semble pas que soit établi si un virus est une matière vivante trop petite pour être vue par nos microscopes ou une matière inerte capable de trans­ mettre des maladies par inoculation. L’hypothèse de M. ARNAUD puis de M. BRANAS sur l’origine du court- noué ou dégénérescence de la vigne est complétée par le rôle que ces auteurs attribuent au phylloxéra radicicole transmettant le virus cause du mal d’une racine malade aux racines saines. M. BRANAS explique ainsi com­ ment le court-noué, qui existait dans les vignes françaises avant l’invasion phylloxérique, ne s’est répandu vraiment qu’après la reconstitution par la greffe. Mais les porte-greffes d’une part, les greffons d’autre part, peuvent avoir été des agents de dissémination puissants puisque le mal est transporté par eux. Certains auteurs, sans rejeter l’hypothèse des phylloxéras vecteurs, demandent que soit confirmé le rôle de l’insecte. M. LIMASSET (« Revue de Viticulture », mars 1946) attire l’attention sur la possibilité d’une action directe du phylloxéra affaiblissant les souches. Il pose, d’autre part, la question suivante : « Est-il impossible d’admettre que l’utilisation pro­ longée de porte-greffes résistants ait abouti à la sélection de races de phyl­ loxéras plus virulentes et plus capables d’exercer une action nocive directe sur des ceps greffés? ». Quant à M. Fr. NYSTERAKIS (Compte rendu de l’Académie d’Agri- culture de France 1946, p. 326), après étude expérimentale, il déclare : « Nous croyons donc prudent de prendre, dès à présent, toutes les mesures préventives contre le court-noué contagieux de la vigne sans tenir compte, pour le moment, de la possibilité de l’intervention du phylloxéra dans la transmission des germes pathogènes ». En présence de ces avis si divers, on peut se demander tout dabord si le court-noué qu’on observe dans les différents vignobles a bien toujours les mêmes origines ou s’il n’est pas la manifestation de maladies ou acci­ dents divers. M. BRANAS semble bien de cet avis puisqu’il écrivait dans « Le Progrès Agricole et Viticole » du 7 août 1938 : « Mes collaborateurs et moi appelons dégénérescence de la vigne, série de symptômes croissant en gravité, depuis la Reisigkrankheit décrite excellement par M. A. JîGHNSSEN, jusqu’au court-noué (L. RAVAZ) à une

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