1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

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LES MALADIES DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE

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les rapprochements des nœuds et les déformations mérithalles, des formes anormales de feuilles variant avec le cépage. Sur les pinots noirs, les feuilles s’allongeaient formant ce que les vignerons appelaient « la feuille de poi­ rier », sur le pinot blanc, Chardonnay, la feuille se découpait en dentelures aiguës et le sinus pétiolaire se retournait formant comme une accolade. Nous avons entendu appeler cette déformation « la feuille de persil ». Le mal n’eut jamais tendance à s’étendre. Il restait localisé, et il était relativement facile d’ailleurs, dans la culture des vignes en foule, de sup­ primer tout de suite la broche malade. On pouvait observer parfois du court-noué provoqué par les gelées de printemps, mais n’ayant qu’un caractère temporaire. Dans le Chabot, si on sectionnait une charpente malade, on trouvait également des taches brunes correspondant à des vaisseaux du bois altérés, comme dans l’aubernage de l’Yonne. Il ne paraissait pas douteux que le < mal venait d’en haut » suivant l’expression de certains vignerons, ce qui favorisait l’hypothèse d’une infection par les plaies de taille. Lorsque se poursuivit la grande reconstitution du vignoble de Cham­ pagne par la greffe, on vit réapparaître de ci de là des manifestations de court-noué avec les caractères très nets de l’ancien court-noué. Nœuds rapprochés, mérithalles en zig-zags prononcés, sarments aplatis et canelés, portant parfois des taches susceptibles d’être confondues avec l’anthracnose, feuilles déformées, grappes stériles ou très millerandées, tout cela se retrou­ vait sur les souches malades. Si on sectionnait une charpente de souche atteinte par le mal, on apercevait souvent sur la section les mêmes taches brunes que dans le Chabot. Les attaques de court-noué étaient au début sporadiques. Les greffons provenant de souches court-nouées, les plantations faites immédiatement derrière l’arrachage des vieilles vignes françaises dans lesquelles pouvait exister des taches de l’ancien Chabot, suffisaient à les expliquer. Plus tard apparurent des caractères nouveaux tels que la « panachure » formant des taches très apparentes au milieu dé parcelles de vignes greffées. C’est alors que nous avons commencé à voir, assez rarement d’ailleurs, des jeunes plantations de vigne greffées dépérir avant même de produire et dont les caractères de court-noué » étaient beaucoup moins nets qu’au- frefois. Le mal alors semblait atteindre immédiatement l’ensemble de la souche. Dans le « Progrès Agricole et Viticole étudiait un de ces cas d’aspect nouveau. Nous croyons intéressant de le rappeler. du 20 juillet 1930, RAVAZ Il s’agissait d’une vigne plantée en 1924, qui poussait par conséquent sa sixième feuille, la plantation ayant été effectuée avec des racinés greffes- soudés obtenus par le propriétaire lui-même. Le sol était argilo-calcaire, assez profond. On y avait fait de la pépi­ nière pendant plusieurs années immédiatement avant la plantation de 1924. Un certain nombre de souches avaient souffert des froids exceptionnels

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