1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

nant de vignes saines. Il est en effet possible de visiter sévèrement des planta­ tions de pieds-mères ou des vignes où on doit prélever des greffons. Nous ne croyons pas à la possibilité de contrôler sérieusement des racinés greffés avant la plantation. Mais il convient de se rappeler que le sol lui-même peut être la source du mal qu’on veut éviter. Une jeune vigne plantée derrière une vieille vigne courl-nouée est menacée de périr avant de produire. Il faut donc éviter de replanter immédiatement après un arrachage de vieille vigne. Si celle-ci était court-nouée le délai entre les deux vignes devrait être au moins de 6 ou 7 ans. Mais, même dans le cas où la vigne arrachée ne présentait pas de signes de court-noué, nous jugeons qu’il est fort utile d’attendre 3 ou 4 ans avant de replanter une jeune vigne. On peut, dans beaucoup de vignobles, utiliser ce délai en y cultivant par exemple une avoine suivie d’une luzernière dont la dernière coupe est enfouie comme engrais vert en préparant le sol pour une nouvelle planta­ tion. Nous avons vu jadis pratiquer cette méthode d’assolement jusque dans le Languedoc méditerranéen où son abandon a peut-être favorisé l’ex­ tension du court-noué. Nous avons déjà signalé que les vignerons de la Basse-Bourgogne et notamment ceux des grands crus de Chablis n’hésitaient pas à laisser en luzerne des parcelles où le sol a pourtant une fort grande valeur afin d’éviter que les jeunes plantations soient frappées par la maladie des vieilles vignes. En Champagne même, Louis BONNET, dont le souvenir est encore bien vivant, écrivait dans son livre « Le Vignoble champenois et l’invasion phyl- loxérique » (p. 92) : « Si le sol a déjà produit de la vigne, il convient d’extirper les vieilles souches et puis d’ensemencer la surface de manière à faire produire une ou deux récoltes de légumineuses que l’on enfouit en vert (vesces, jarot, trèfle). M. Marius LEFEVRE affirme que dans la Côte Blanche les plantations étaient plus assurées derrière une avoine et un sainfoin et M. COUVREUR- PERIN en rappelant cette affirmation dans « Le Vigneron Champenois > de 1920 (p. 27) signalait que son père et son arrière-grand-père conseillaient de planter derrière un trèfle qu’on enfouissait en vert. Le delai à prévoir avant la plantation nouvelle peut varier d’ailleurs suivant les sols et les situations. Nous persistons à croire qu’il existe des milieux favorables au court-noué. Si l’hypothèse de MM. ARNAUD et BRANAS accordant un rôle important au phylloxéra dans la transmission du court-noué se confirme, les viticulteurs savent bien d’ailleurs qu’il y a en Champagne des sols plus ou moins favorables au phylloxéra. Je connais dans des vignobles méridionaux où la dégénérescence sévit, des parcelles où la replantation immédiate derrière une vieille vigne court-nouée n’a fait que reproduire dans la jeune vigne les taches de l’ancienne, sans que ces taches s’étendent depuis 7 ou 8 ans. Mais j’ai vu aussi, dans la meme région, de jeunes plants repiqués à côté de souches anciennes et court- nouées, qui ont été gravement atteints dans leur ensemble, dès la première — 332 —

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