1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE « Cette renommée doit résulter des caractères qualificatifs déterminés par les facteurs suivants : « 1° Les facteurs naturels, dont le rôle est prépondérant, le climat, la nature du sol; le ou les cépages, l’exposition. Ces facteurs permettent de définir une aire de production qui doit être délimitée; « 2° Des facteurs dus à l’intervention de l’homme, dont le rôle est plus ou moins important; une méthode de culture, de vinification et, pour les eaux-de-vie, procédés de distillation ». Dans les chapitres précédents, nous nous sommes efforcés de faire connaître les facteurs de la production du « Champagne » tels qu'ils sont indiqués par le Congrès International de 1937. Nous allons maintenant indiquer comment ces facteurs ont été codifiés en quelque sorte pour protéger les producteurs et en même temps offrir toute garantie aux consommateurs. Notons auparavant que le Champagne doit être mousseux pour avoir droit actuellement à l’appellation et ceci m’amène à préciser la différence existant entre l’cippellation d'origine et l'appellation générique. L'appellation générique désigne un genre de vins ayant un ou plusieurs caractères communs, caractères résultant en principe de la méthode de vinification. Les « vins mousseux » ont une appellation générique que la mousse caractérise. Parmi les vins mousseux, le « Champagne » a une appellation d’origine. Par analogie, les « vins de liqueur » ou les « vins doux naturels » ont eux aussi une appellation générique. Parmi ces vins le « Banyuls » ou le « Frontignan » ont une appellation d’origine. Il ne faut pas confondre non plus avec les appellations d’origine, les marques qui, se plaçant sous le titre de l’appellation d’origine, ajoutent à celles-ci la réputation d’une maison protégée par les réglementations com­ merciales. C’est ainsi que portant l’appellation d’origine « Champagne », nous trouvons de grandes marques dont la réputation très ancienne contri­ bue puissamment à la renommée de ce vin magnifique et qui ne sont pourtant pas des appellations d’origine. Pendant longtemps, la confusion régna entre ce que nous venons d’appeler les appellations génériques, les marques et les appellations d’ori­ gine telles que nous venons d’en donner la définition. Il faut arriver jusqu’à la loi du 1er août 1905 pour commencer vraiment la période historique qui devait aboutir à la législation actuelle de nos vins à appellation d’origine. Pendant toute cette période, la Champagne viticole a été en vedette tenant sans cesse la tête du mouvement qui devait aboutir à sa réglementation. La loi du 1er août 1905 avait été prise sous la pression des viticulteurs du Midi de la France. A la suite des événements très graves survenus dans les départements gros producteurs du Languedoc, elle fut complétée par la loi du 5 août 1908. L’une et l’autre ne songeaient guère qu’à combattre la fraude. La seconde permettait les délimitations administratives. L’orga­ nisation corporative n’existait pas encore en Champagne et la délimitation — 374 —

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