1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE
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rapidement. Les idées de coopération s'atténuèrent en Champagne et n’eu rent que peu de succès jusqu’en 1929. 1928 apporta une vendange abondante et de belle qualité; les prix furent rémunérateurs et l'allégresse revenait. C'était semblait-il la récom pense méritée des efforts splendides qui assuraient enfin la reconstitution de ce beau vignoble. Mais 1929, qui renouvelle les bienfaits de 1928, en tant que quantité et qualité de la récolte, ne trouva pas la môme puissance d'achat de la part du Commerce. Les prix de base abaissés n’auraient pas entraîné de désastres si les achats avaient absorbé toute la vendange. Mais les raisins laissés trop souvent aux vignerons dépourvus de vaisselle vinaire amenèrent, dans certains crus, un effondrement des cours par rapport au prix de base; et on parla à nouveau de coopératives. Certains comprenaient que la pro duction du vignoble, rétablie par la reconstitution, allait exposer la Cham pagne à souffrir gravement en certaines années de mévente. Mais la majo rité, aussi bien dans le Commerce que dans la viticulture, était loin d'être convaincue de l'utilité des coopératives pour y remédier. Certes, la constitution des coopératives de vinification, dans un vignoble comme la Champagne, ne peut s’inspirer entièrement des méthodes qui ont donné de si beaux résultats dans les vignobles producteurs de vins de con sommation courante. Mais la Champagne n'a pas non plus à compter comme la Bourgogne avec la division des communes en crus de valeurs très diverses. Le cru en Champagne se confond généralement avec la commune; les maisons de commerce dans leurs vendangeoirs vinifient par communes; et si elles séparent les moûts provenant de différents « marcs », ainsi que nous l'indiquons au chapitre de la Vinification, c'est pour pouvoir éliminer les vins qui présentent quelque défectuosité avant de procéder à l'assem blage par cru. Cette classification par commune est une simplification le jour où dans la coopérative la vinification doit se faire en commun. La vinification champenoise procède en deux étapes. Une première fermentation en pièces transforme le moût en vin. Puis une seconde fermen tation en bouteilles donne au champagne la mousse qui lui a fait acquérir dans le monde sa superbe renommée. Si la première fermentation est facilement réalisée au vignoble comme dans les autres régions de France, peut-on envisager la seconde prenant une extension importante sous la forme de coopérative? Nous ne le pensons pas. Si quelques coopératives champenoises ont pu parfois se substituer entièrement au commerce et pratiquer elles-mêmes les deux fermentations; si elles ont pu fonctionner ainsi avec un succès relatif, c’est qu’elles étaient peu nombreuses, et que le total de leurs expéditions étaient bien peu de chose comparativement à l’ensemble de la production champenoise. Elles ont pu conquérir une clientèle suffisante en France, surtout en période de crise où les prix étaient peu élevés, parfois même exporter un peu. Mais il ne faut pas se dissimuler que les marques de champagne, dont la réputation est établie parfois depuis le xviii * siècle, jouent sur les marchés étrangers
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