1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
COOPÉRATIVES DE VINIFICATION le rôle réservé aux crus classés en d’autres régions productrices de vins fins. C’est sur le coupage des crus entre eux que repose la valeur des grandes marques; nous l’exposons dans le chapitre de ce travail consacré à la Vini fication du Champagne. La plus importante des coopératives auxquelles nous faisions allusion précédemment, procède elle-même à ces coupages pour constituer ses cuvées, et elle groupe des coopérateurs dispersés sur des points très différents du vignoble. Mais il est facile de comprendre quelles difficultés soulève cette dispersion des adhérents, qui ne peuvent être toujours répartis dans les différentes régions du vignoble au gré de ceux qui ont la charge de composer les cuvées de la coopérative. La Champagne connaîtra sans doute dans l’avenir, comme elle en a souffert dans le passé, des années de crises économiques où l’exportation sera difficile. Les marques connues et appréciées de longue date par les consommateurs étrangers pourront certainement soutenir plus facilement la vente des Champagnes que les coopératives qui devraient d’ailleurs faire supporter les frais énormes du stockage et de la propagande aux seuls producteurs. Inversement, l’expérience du passé montre que dans les années de crises comme 1929, et plus encore 1934, par exemple, le commerce ne pouvant acheter et stocker la production, d’excellents vins partent à la consomma tion à des prix de famine et sont gaspillés au lieu de constituer des bou teilles millésimées incomparables. Viticulteurs et négociants sont actuellement d’accord pour reconnaître que les coopératives de vinification outillées pour recevoir les raisins, les vinifier en première fermentation, puis les conserver à la disposition du Commerce jusqu’au moment où il peut les utiliser, peuvent rendre des services importants à la production et au Commerce de Champagne. Leur rôle sera, surtout dans les années difficiles, de loger les raisins non vendus en assurant leur vinification méthodique et soignée. Si elles ne suppriment pas les obstacles qui peuvent se dresser devant nos exportations, du moins peuvent-elles placer les vignerons coopérateurs dans une situation bien meilleure pour surmonter ces difficultés, étendant les possibilités de con servation des vins avant la prise de mousse sur l’ensemble de la Champagne, aussi bien sur la Viticulture que sur le Commerce. Le 12 avril 1930, nous mettions à l’ordre du jour de l’Assemblée viti cole annuelle de l’Association viticole Champenoise cette question des coo pératives de vinification. Nous la traitions pour la première fois devant un auditoire où étaient présents à la fois les représentants de la Viticulture et les représentants du Commerce. Nous pouvions voir déjà fonctionner à FESTIGNY, dans la Vallée de la Marne, une coopérative d.e vinification bornant son action à la première fermentation. Elle ne tardait pas à grou per tous les vignerons de la commune. C’est à notre avis le type de la bonne coopérative champenoise qui vinifie les raisins de ses associés dans de meilleures conditions qu’ils ne pouvaient le faire eux-mêmes et qui dispose de petites cuves pour stocker les vins en cas de mévente. Le commerce peut — 397 —
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