1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE tion des grains de raisin. Le Pinot gris étant intermédiaire entre le Pinot noir et le Pinot blanc vrai. Le Pinot gris a joué, d’après M. COUVREUR-PERIN un certain rôle sous le nom de FROMENTEAU ou d’ENFUME dans les vignobles de SIL* LERY et de VERZENAY au xviii 0 siècle. Il attribue sa disparition à l’habi­ tude prise plus tard par le commerce de Champagne d’acheter les raisins pour vinifier lui-même. Les raisins de FROMENTEAU avec leur couleur grise faisaient mauvais effet au milieu des Pinot noir. Mais on l’accusait aussi de favoriser la maladie de la graisse dans les vins. C’est un cépage intéressant donnant des vins de qualité mais qui ne doit pas être cultivé et surtout vinifié seul, ce qui complique évidemment son emploi qui ne peut être envisagé qu’en petite proportion au milieu des autres cépages. Quant au Pinot blanc , Adrien BERGET l’a signalé en 1898, à FLEURY- LA-RIVIERE, dans la Vallée de la Marne, où il semblait figurer en cer­ taine proportion dans les anciennes vignes françaises. Pour Adrien BER­ GET, le Pinot noir de FLEURY-LA-RIVIERE, peut-être par une influence du petit climat local ou du sol, était un Pinot noir en voie de décoloration. < L’expérience ampélographique a révélé, écrivait A. BERGET, dans le « Vigneron Champenois » de 1921, p. 522, qu’il existe une gamme naturelle de coloration des Pinots à laquelle correspondent autant de variétés parti­ culières; cette gamme dégressive en partant du Pinot noir est représentée : 1° par le Pinot rougin; 2° le Pinot rose; 3° le Pinot gris; 4° le Pinot blanc vrai », et A. BERGET ajoutait : « Mais comme il existe des variétés un peu différentes de Pinots noirs, surtout caractérisés par des différences de vigueur, de productivité et inver­ sement de finesse, il est naturel que cette décoloration, qui s’est produite dans différents pays sans avoir été toujours remarquée, ait pu aboutir, comme nous l’avons observé en Bourgogne, en Alsace et en Champagne, à des types de Pinots blancs également véritables, mais eux aussi, diffé­ renciés comme nous venons de le signaler. » Ceci explique peut-être les difficultés qu’ont rencontrées jadis les vignerons de Champagne pour sélectionner et fixer le Pinot blanc vrai, qui ,aurait pu présenter quelque intérêt pour, eux puisque le Pinot noir est vinifié en blanc et que sa variation décolorée eut fait disparaître les craintes de « tacher » les moûts en certaines années. Quoiqu’il en soit, les Pinots gris et les Pinots blancs vrais sont rares en Champagne depuis la reconstitution par la greffe, et nous ne pensons pas qu’il puisse être conseillé de les multiplier. Ce pourrait être l’œuvre cependant de la Station expérimentale de Champagne de les étudier pour examiner s’il est intéressant de leur accorder dans l’avenir une petite place en certains crus.

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