1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

siliceux, entraîné par les pluies du sommet des plateaux tertiaires sur les pentes de la falaise et contenant des éléments calcaires à l'état de fragments1. « Le rôle de la craie, qui constitue le sous-sol, est double. Il assure un drainage parfait permettant l’évacuation des eaux en excès, tout en conservant à la disposition des ccps une humidité suffisante. C’est à ce sous-sol merveilleux, qui met les plantes à l'abri de tout excès de fraîcheur et de sécheresse, que le raisin doit sans doute une grande partie de sa finesse. Ajoutons qu'à travers les âges, le sol du vignoble a été fréquemment renouvelé par les apports massifs de terre ou amendements destinés à corriger les ravinages ou à entretenir sim­ plement la fertilité. » Le « complant », autrement dit les cépages? Chaque région viticole doit résoudre, compte tenu de son sol et de scs conditions climatiques, le problème consistant à trouver les meilleurs cépages, les mieux adaptés à sa situation particulière. La Champagne l'a résolu en y introduisant, en y faisant toujours prédominer le souci de la qualité. Les plants traditionnellement cultivés sont : diverses variétés de Pinot, et principalement de Pinot noir et de Pinot meunier, le Chardonnay, le Petit Meslier et l’Arhanne. Le Pinot noir et le Chardonnay sont exclusivement employés dans les grands crus, le Meunier, producteur de récoltes peut-être plus abondantes mais de qualité un peu moindre, dans les crus secondaires. Les deux derniers plants n’occupent que des surfaces excessivement réduites, le premier dans la vallée de la Marne et le second dans le vignoble de l’Aube. A la suite de l’invasion pbylloxérique, les viticulteurs champenois durent remplacer dans leurs vignes les cépages francs de pied par les plants greffés, heureux résultat d'une union intime entre porte-grefTes susceptibles de résister aux attaques du terrible insecte et de greffons sélectionnée, destinés à continuer à assurer la production de raisins d’une qualité rigoureusement identique à celle des produits de la vigne française dans laquelle ils avaient été prélevés. Reste 1’ «aer » — le climat — dont l’influence sur le comportement de la vigne est très importante ; mais le climat lui-même est la résultante d’un certain nombre de facteurs : régime des pluies et des vents, altitude, exposition et surtout température. La moyenne des pluies dans le vignoble champenois n’a rien d’excessif, tout en étant suffisante pour prévenir une sécheresse chronique; les vents dominants sont ceux de l'ouest et du sud-ouest, humides et tièdes; la situation des vignes sur les pentes des coteaux, où se trouvent les meilleurs crus évite la stagnation des eaux de pluie et favorise l’ensoleillement des ceps; de plus, les vignes étagées sur des pentes souffrent moins du gel que celles plantées en plaine. D’une façon générale, dans la Vallée de la Marne, les grands crus sont exposés au Midi, alors que dans la Montagne ils semblent regarder le Nord et que dans la Côte des Blancs ils sont orientés vers l’Est. Toutefois les falaises viticoles, quelle que soit leur orientation générale, présentent des vallonne­ ments, des replis de terrain qui font face à tous les points cardinaux et per­ mettent les expositions les plus variées. Toutes ces conditions n’ont rien de défavorable par elles-mêmes, mais il y a la température... On sait que la vigne exige, pour mûrir ses fruits, une certaine somme annuelle de degrés de chaleur; on sait également, qu’assez

1. Emile M oreau , Le vin de Champagne , thèse agricole, Beauvais, 1912.

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